Nord-Kivu : tensions à Kyavinyonge entre pêcheurs et autorités du Parc des Virunga

Des habitants de l’enclave de pêche de Kyavinyonge, dans le territoire de Beni (province du Nord-Kivu), ont exprimé leur mécontentement ce week-end en envahissant le bureau de la Coopérative des pêcheurs de Virunga (Copevi).

Ils protestent contre ce qu’ils considèrent comme des abus et un flou persistant autour des limites du Parc national des Virunga, à la suite d’une opération conjointe menée par les éco-gardes de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et la Copevi.

Composés d’hommes et de femmes, les manifestants ont tenu un sit-in devant les installations de la coopérative pour faire entendre leur voix. Selon eux, les agents de l’ICCN et de la Copevi auraient franchi les frontières de l’enclave, pénétrant dans les champs agricoles sans concertation préalable avec les communautés concernées.

« Si la population se lève, c’est parce qu’elle est victime d’escroquerie », a déclaré Kasereka Kite Gerlas, premier vice-président de la société civile de Kyavinyonge.

Il dénonce une opération unilatérale ayant redéfini certaines limites du parc, en violation du moratoire en vigueur.

« Nous avons alerté les autorités à plusieurs reprises, mais aucune solution n’a jamais été apportée », a-t-il déploré.

En réaction, la Copevi appelle au calme. Mapendano Saruti, chef de programme au sein de la coopérative, invite les personnes concernées à présenter les documents légaux prouvant la propriété de leurs terres.

« Nous reconnaissons qu’il y a eu des impacts négatifs. C’est pourquoi un enregistrement individuel est en cours, conformément à la convention signée en 2019 entre l’ICCN et la Copevi. Une nouvelle rencontre est prévue dans les prochains jours pour parvenir à un consensus pacifique et durable. Chacun sera remis dans ses droits », a-t-il assuré.

Cette situation met une fois de plus en lumière les tensions persistantes entre les communautés locales et les gestionnaires du Parc des Virunga, sur fond de conflit foncier et de méfiance grandissante.

Clément Softly