
Ituri: Yves Kahwa signe son retour entre calcul politique, rivalités communautaires et enjeux économiques
(Analyse de Joël ADIRODU NDEY)

Le retour de l’ancien chef de milice Yves Kahwa en République Démocratique du Congo continue d’alimenter les débats en Ituri. Derrière ce come-back, plusieurs dimensions stratégiques se dessinent : politique, communautaire et économique.
Une influence politique en déclin
Yves Kahwa, qui fut une figure influente au début des années 2000, revient dans un contexte où son capital politique semble affaibli. Ses récentes déclarations, notamment lorsqu’il se qualifie de « Seigneur de guerre » prêt à « frapper Thomas Lubanga », illustrent une posture ambiguë, entre menace voilée et volonté de légitimation. Loin de son apogée, il semble désormais isolé, voire en rupture avec ses anciens partenaires politiques.
Fractures dans le leadership Hema ou sur ses partenaires politiques endogènes et exogènes ?
La rivalité avec Thomas Lubanga, autre figure influente de la communauté Hema, illustre la fracture actuelle au sein du leadership local. Tandis que Lubanga adopte une posture plus radicale, Kahwa tente de se repositionner comme un homme de paix, sans toutefois convaincre une base communautaire de plus en plus critique. Les deux hommes apparaissent comme des antagonistes, se défiant dans une atmosphère tendue, sous les regards prudents de leurs partisans respectifs.
Enjeux économiques et calculs stratégiques
Sur le plan économique, le retour de Kahwa est également motivé par la volonté de préserver ses investissements, notamment dans les activités maritimes autour de Tchomia. L’exil en Ouganda aurait compromis une partie de ses intérêts. Son rapprochement du gouvernement serait donc perçu comme un choix pragmatique, visant à garantir la survie de ses affaires.
Une manœuvre orchestrée par le gouverneur ?
Derrière ce retour, certains y voient la main du gouverneur militaire Jonny Luboya, qui chercherait à restaurer son image en facilitant l’intégration d’acteurs autrefois opposés à l’État. Un pari risqué mais stratégique, dans une province marquée par des tensions persistantes. Il s’agirait de transformer une menace potentielle en levier de stabilité, tout en consolidant son pouvoir auprès du gouvernement central.
En conclusion, Yves Kahwa revient dans un jeu politique complexe, entre méfiance, intérêt personnel et tentative de réhabilitation. Sa démarche, loin d’être neutre, pourrait avoir des répercussions sur l’équilibre fragile de l’Ituri. La suite des événements reste à observer avec vigilance. Wait and see, comme disent les Anglais.
Analyse de l’assistant Joël ADIRODU NDEY
Analyste Politique Indépendant, Cadre du BUREC et des APB (Les Amis de Paul BABANGU)
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