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RTNC a-t-elle violé l’interdiction du CSAC ? La diffusion d’un communiqué du M23 suscite la controverse

img-20250424-wa02046373756914401637691 RTNC a-t-elle violé l’interdiction du CSAC ? La diffusion d’un communiqué du M23 suscite la controverse



La diffusion, ce mercredi 23 avril, d’un communiqué du M23 par la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) relance un débat sensible dans le paysage médiatique congolais : la chaîne publique a-t-elle enfreint l’interdiction formelle émise par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) ? Et si oui, sera-t-elle sanctionnée ?

Le 29 mars 2024, le président du CSAC avait publié sur son compte X une directive interdisant à tous les médias congolais de diffuser toute information émanant des rebelles du M23/AFC, un mouvement armé actif dans l’est de la République démocratique du Congo. Cette mesure visait, selon l’organe de régulation, à éviter toute amplification de la propagande rebelle.

Or, dans son édition du journal télévisé du soir du 23 avril 2025, la RTNC a lu intégralement un communiqué du M23. Celui-ci faisait état des discussions engagées à Doha, au Qatar, entre les représentants du mouvement et ceux du gouvernement de Kinshasa. Bien que le gouvernement ait ensuite publié un communiqué similaire, les deux documents présentaient des différences notables, notamment au niveau des signatures et de la mise en forme.

Cette diffusion par la télévision nationale suscite une onde de choc dans le milieu journalistique. Certains professionnels se demandent si la RTNC bénéficiait d’une autorisation spéciale, ou si cette démarche ouvre désormais la voie à tous les médias pour traiter des sujets liés au M23 sans craindre de sanctions.

La crainte est légitime. À plusieurs reprises, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a rappelé que la diffusion d’informations jugées favorables aux rebelles pouvait entraîner de lourdes peines, allant jusqu’à la peine de mort. Cette menace explique en partie l’autocensure observée dans de nombreux médias du pays, à l’exception de ceux situés dans les zones actuellement contrôlées par le M23, comme à Goma.

Lors d’un débat diffusé sur Top Congo FM, plusieurs journalistes ont évoqué le cas de la RTNC et appelé à une clarification rapide du CSAC sur cette affaire, afin de savoir si l’interdiction reste en vigueur et si des sanctions sont envisagées contre le média public.

En attendant une réaction officielle du régulateur, l’ambiguïté demeure, et les professionnels de l’information se retrouvent plus que jamais partagés entre leur devoir d’informer et la crainte des représailles.

Clément Softly

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