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Ituri : pour une paix durable, une approche intégrée et inclusive est indispensable
(Tribune de l’honorable Paul Babangu)

img-20250516-wa01775893068980125119222 Ituri : pour une paix durable, une approche intégrée et inclusive est indispensable <br>(Tribune de l'honorable Paul Babangu)



Alors que l’Ituri continue de faire face à une insécurité persistante alimentée par des conflits communautaires, des activités de groupes armés et une gouvernance fragile, une paix durable ne saurait être atteinte sans une approche multidimensionnelle et intégrée. À travers cette tribune, je propose des pistes concrètes pour jeter les bases d’une stabilité véritable, fondée sur la sécurité, la justice, la cohésion sociale et le développement.

1. Restaurer la sécurité et la justice

La restauration de l’autorité de l’État passe par une réforme profonde du secteur de la sécurité. L’armée et la police doivent être professionnalisées, mieux équipées, disciplinées, et respectueuses des droits humains. Cela nécessite des efforts soutenus de formation, de moralisation et de lutte contre la corruption dans les forces de défense et de sécurité.

En parallèle, des mécanismes de justice transitionnelle doivent être mis en place pour reconnaître la souffrance des victimes, établir la vérité et favoriser la réconciliation. La création de tribunaux spéciaux, de commissions « vérité et réconciliation » et de programmes de réparation contribuerait à refermer les plaies du passé.

Un programme crédible de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) est également crucial. Il doit offrir de réelles perspectives d’avenir aux ex-combattants afin de prévenir leur retour aux armes. Enfin, lutter contre l’impunité, qu’il s’agisse de miliciens ou d’agents de l’État auteurs de violations graves, est un impératif pour restaurer la confiance dans les institutions.

2. Gouvernance inclusive et développement local

Le déficit de gouvernance nourrit la frustration des populations et crée un terreau fertile pour la violence. Il est donc urgent de promouvoir une gouvernance transparente, participative et inclusive, à tous les échelons. Chaque communauté doit se sentir représentée et écoutée.

Le développement économique, notamment en milieu rural, est une autre priorité. Il faut investir dans l’agriculture, les PME, les infrastructures, et créer des emplois décents pour les jeunes, principaux recrues des groupes armés. La gestion équitable des ressources naturelles, telles que les mines et les terres, est également essentielle pour réduire les tensions.

Améliorer l’accès aux services sociaux de base santé, éducation, eau, assainissement permettra de renforcer la résilience des communautés et de lutter contre les inégalités structurelles.

3. Reconstruire le tissu social

Le conflit en Ituri a profondément fracturé le tissu social. Favoriser le dialogue intercommunautaire est indispensable pour surmonter les rancœurs et reconstruire la confiance. Les leaders communautaires, les jeunes, les femmes, les religieux doivent être impliqués dans ce processus.

L’éducation à la paix et à la citoyenneté dans les écoles et les villages contribuera à promouvoir une culture de tolérance et de coexistence pacifique. Il convient aussi de soutenir les initiatives locales de paix, portées par la société civile, et de valoriser les expressions culturelles et artistiques qui célèbrent l’unité et la diversité.

4. Renforcer les alliances régionales et internationales

La crise en Ituri dépasse les frontières provinciales. Il est donc nécessaire de renforcer la coopération régionale, notamment pour lutter contre les flux d’armes et les mouvements transfrontaliers de combattants. Les partenaires internationaux doivent également maintenir leur appui, tant sur le plan technique que financier, aux efforts de paix et de développement.

Enfin, la diplomatie et la médiation doivent être encouragées pour désamorcer les tensions et faciliter les compromis entre les différents acteurs en présence.

En conclusion, la paix en Ituri ne se décrète pas : elle se construit avec patience, courage et détermination. Elle repose sur une approche holistique, qui combine sécurité, justice, développement, réconciliation et coopération. Ce processus exige l’engagement sincère de l’État, des communautés locales, de la région, ainsi que de la communauté internationale.

Honorable, Paul Babangu
Député national, élu du territoire d’Irumu

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