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RDC : vers une tempête politique ? La Haute Cour Militaire demande la levée d’immunité de Joseph Kabila

img-20250516-wa01161904745508710693524-1024x576 RDC : vers une tempête politique ? La Haute Cour Militaire demande la levée d’immunité de Joseph Kabila

La République Démocratique du Congo est en ébullition après la demande officielle de la Haute Cour Militaire visant la levée des immunités de l’ancien président Joseph Kabila Kabange, aujourd’hui sénateur à vie.

Le Lieutenant-Général Lucien-René Likulia Bakuma, Auditeur Général près la Haute Cour Militaire, accuse le prédécesseur de Félix Tshisekedi de participation à un mouvement insurrectionnel, trahison, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Dans sa requête adressée au Sénat, l’Auditeur Général s’appuie sur l’article 107 alinéa 2 de la Constitution congolaise, selon lequel un parlementaire ne peut être poursuivi qu’avec l’autorisation de la chambre à laquelle il appartient. Il affirme disposer d’un « faisceau de preuves » montrant que Kabila soutient activement la coalition rebelle M23/AFC, accusée de semer la terreur dans l’Est du pays.

Parmi les témoignages cités dans le dossier figure celui d’Éric Nkuba, qui rapporte qu’en mai 2023, à Kampala, Joseph Kabila aurait évoqué avec Corneille Naanga un plan rwandais d’assassinat du président Tshisekedi.

Selon Nkuba, Kabila aurait suggéré une autre stratégie : un coup d’État, jugeant qu’un assassinat ferait de Tshisekedi un « héros national ».

Ces révélations, gravissimes, jettent une ombre sur la stabilité politique du pays et déclenchent un tollé dans la classe politique congolaise.

Pour Francine Muyumba, ancienne sénatrice et cadre du PPRD, la démarche du gouvernement est inconstitutionnelle :

« Les immunités de l’ancien président Joseph Kabila lui sont accordées en vertu de son statut d’ex-chef de l’État, non en tant que sénateur élu. Le Sénat n’a donc aucune base légale pour révoquer une protection découlant d’une loi spécifique », déclare-t-elle sur X (ex-Twitter), appelant la chambre haute à rejeter cette demande dès sa phase de recevabilité.

Elle craint qu’un tel acte ne fragilise davantage l’État de droit et accentue les tensions politiques :

« Le gouvernement choisit pourtant d’alimenter les divisions internes au lieu d’y apporter des solutions », déplore-t-elle.

Maître Laurent Onyemba, avocat de plusieurs figures de l’opposition comme Moïse Katumbi et Matata Ponyo, dénonce une instrumentalisation de la justice à des fins politiques :

« La levée d’immunité de Joseph Kabila serait un recul démocratique sans commune mesure, aux conséquences suicidaires », écrit-il sur X.

Selon lui, la dissolution du PPRD, également évoquée par le pouvoir, viserait à affaiblir l’opposition. Il considère ce parti comme un « patrimoine national », au même titre que l’UDPS, parti présidentiel.

Cette nouvelle crise intervient dans un contexte déjà tendu marqué par des violences persistantes dans l’Est du pays et une méfiance croissante entre les différentes forces politiques. La tentative d’impliquer un ancien chef de l’État dans des crimes aussi graves pourrait ouvrir une brèche inédite dans l’histoire politique congolaise.

Alors que le Sénat doit se prononcer sur la recevabilité de la demande, les regards sont tournés vers Kinshasa. La décision attendue pourrait redessiner les équilibres politiques en RDC, à l’aube d’une période cruciale pour l’unité et la paix nationale.

Clément softly

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