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RDC: les autorités coutumières portent plainte contre la CENCO et l’ECC pour usurpation de pouvoir

img-20250718-wa03078898548390024316724-1024x689 RDC: les autorités coutumières portent plainte contre la CENCO et l’ECC pour usurpation de pouvoir



Un nouveau front judiciaire vient s’ouvrir entre les autorités coutumières congolaises et deux principales confessions religieuses du pays.

L’Alliance des autorités traditionnelles et coutumières pour le Grand Congo (AATCC) a officiellement déposé, ce mercredi 16 juillet, une plainte contre la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), au parquet près la Cour de cassation à Kinshasa.

Emmanuel Lemba-Lemba, président de l’AATCC, accompagné de plusieurs chefs coutumiers, accuse les deux organisations religieuses d’usurpation de pouvoir coutumier en initiant, sans concertation avec les autorités traditionnelles, un processus de paix intitulé « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ».

Dans le document transmis à la justice, l’AATCC dénonce une « violation flagrante » de la Constitution, citant notamment l’article 207, alinéa 4, qui reconnaît aux autorités coutumières un rôle essentiel dans la gestion communautaire et la promotion de l’unité nationale.

« Nous portons plainte contre lesdits responsables pour les faits infractionnels ci-haut évoqués et sollicitons l’ouverture d’un dossier judiciaire à leur charge afin d’établir les responsabilités et de rétablir l’ordre constitutionnel », indique la plainte.

L’AATCC reproche en outre à la CENCO et à l’ECC d’avoir engagé, dans le cadre de leur projet, des discussions avec certains responsables politiques, des acteurs internationaux, ainsi que des groupes armés actifs dans l’Est du pays, sans consultation préalable des chefs coutumiers concernés par ces territoires.

Réagissant à cette action judiciaire, Mgr Donatien N’shole, secrétaire général de la CENCO, a minimisé la plainte, la qualifiant de « ridicule ». Il a cependant réaffirmé la volonté de l’Église catholique à dialoguer avec toutes les composantes de la société congolaise, y compris les autorités coutumières, dans l’intérêt de la paix.

« Nous restons ouverts à l’échange avec tous les Congolais. Ce pacte est une démarche inclusive, au service du bien commun », a-t-il déclaré.

Le différend intervient dans un contexte particulièrement sensible : plusieurs localités du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont toujours sous occupation de la rébellion M23/AFC, soutenue par le Rwanda, selon Kinshasa. Face à cette crise persistante, les initiatives se multiplient pour restaurer la paix.

Le projet des Églises vise à créer un dialogue national inclusif, à renforcer la cohésion nationale, et à formuler des réponses durables aux défis sécuritaires qui minent la région des Grands Lacs.

La plainte de l’AATCC pourrait marquer un tournant dans les rapports entre les institutions religieuses et les structures coutumières en RDC. Si elle aboutit, elle pourrait remettre en question le rôle que les Églises se sont attribué dans les initiatives de paix, jusque-là souvent perçues comme neutres et rassembleuses.

Clément softly

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