
Restauration de l’autorité dans les zones sous contrôle M23-AFC : retrait ou simple capacitation de l’État ?

Le gouvernement congolais affirme que la restauration de l’autorité de l’État constitue l’un des points centraux du processus de paix amorcé à Doha, à la suite de la signature de la Déclaration de principes entre Kinshasa et le mouvement rebelle AFC/M23. Cette déclaration vise à jeter les bases d’un accord de paix global, en vue de ramener la stabilité dans l’est de la République démocratique du Congo.
Lors du briefing gouvernemental tenu lundi 21 juillet 2025 à Kinshasa, le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, a précisé que l’accord de paix à venir devra « détailler et décliner le processus de la restauration de l’autorité de l’État », soulignant que cette mesure vise avant tout à réaffirmer la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire congolais.
Selon M. Shabani, cela implique un rétablissement progressif de l’administration publique dans les zones actuellement occupées par les forces de l’AFC/M23, mouvement soutenu par le Rwanda selon Kinshasa. « La restauration de l’État se fait à travers la mise en œuvre des attributs du pouvoir public dans les entités », a-t-il expliqué, ajoutant que le gouvernement se prépare activement à ce redéploiement, en particulier par le biais de l’administration et de la police nationale.
Face à l’avancée rebelle, des mesures exceptionnelles avaient été prises, notamment la délocalisation temporaire des chefs-lieux provinciaux : Beni pour le Nord-Kivu et Uvira pour le Sud-Kivu. Le retour à une gouvernance normale dans ces régions dépendra donc de l’implémentation concrète des mécanismes prévus dans l’accord de paix.
Cependant, cette interprétation gouvernementale n’est pas unanimement partagée. Le mouvement AFC/M23 donne une lecture différente du concept de restauration de l’État. Son coordonnateur adjoint, Bertrand Bisimwa, également présent à Doha, insiste : « Il ne s’agit pas de retrait de nos forces, mais de mécanismes de capacitation de l’État le rendant apte à assumer ses prérogatives et obligations. »
Cette divergence d’interprétation souligne les enjeux complexes autour du processus de paix en cours. Si Kinshasa y voit une reprise du contrôle étatique, les rebelles y perçoivent plutôt une cohabitation encadrée où l’État serait renforcé sans exiger leur retrait immédiat des zones conquises.
La signature de l’accord de paix proprement dit devrait clarifier ces divergences, en détaillant les étapes concrètes et les mécanismes à mettre en œuvre pour restaurer durablement l’autorité de l’État dans les régions sous tension.
Clément Softly
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