
De Nairobi à Aru, l’échec du désarmement trahit l’autorité de l’État, il est temps d’imposer la paix par la force face aux groupes armés réfractaires (Joël Adirodu Ndey)

Tribune libre de Joël Adirodu Ndey, acteur politique et coq de Blanc de l’Ituri
Alors que le dialogue d’Aru 2 vient de s’achever avec la signature de nouveaux engagements, l’Ituri retient son souffle. Les attentes de la population sont claires et pressantes : le désarmement effectif, inconditionnel et sans hypocrisie de tous les groupes armés qui continuent à semer la terreur et la désolation parmi les communautés civiles devenues depuis trop longtemps des victimes expiatoires.
Il ne s’agit plus de signer des feuilles qui finiront dans les tiroirs. Le peuple veut des résultats visibles. Les Ituriens n’ont que faire d’un accord qui, comme Nairobi 1, Nairobi 2 ou même Aru 1, risquerait encore une fois d’accoucher d’une souris morte, si aucune volonté ferme ne s’exprime du côté du Gouvernement central comme des groupes armés signataires.
Désarmement immédiat ou confrontation légitime
Les groupes armés doivent se conformer immédiatement aux clauses signées. Faute de quoi, la force légitime de l’État doit se déployer sans délai. La paix ne peut pas être négociée à l’infini au détriment des populations.
Il est temps d’adopter la politique de la “carotte et du fouet” : réintégration pour ceux qui déposent volontairement les armes via le PDDRC-S et la RAD, mais frappe militaire foudroyante contre les groupes armés réfractaires. L’État ne peut plus tolérer l’inertie ou la manipulation derrière des engagements non tenus.
Harmonisation possible entre groupes armés : une fenêtre à exploiter
Il existe des convergences communautaires et stratégiques entre certains groupes qu’il faut savoir transformer en leviers de paix.
L’URDPC/Codeco et la FRPI, s’ils nouent une alliance pacifique, peuvent faire baisser drastiquement l’insécurité dans les secteurs et chefferies Lendu.
Le MAPI/Auto-défense Zaïre et la CRP de Thomas Lubanga, issus de la même souche ethno-linguistique, peuvent être amenés à un ralliement commun à la paix, surtout si la dynamique actuelle se poursuit.
Enfin, la FPIC, Chini ya Kilima et Chini ya Tuna, dont la proximité géographique et linguistique est évidente, devraient également jouer un rôle dans la stabilisation de leurs zones respectives.
Mais ces dynamiques ne porteront fruit que si l’État central suit le processus de près et ne laisse plus la charge du suivi aux seules autorités provinciales.
Le Gouvernement central doit cesser de se défausser sur le gouverneur militaire
Il est temps que le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Défense nationale, S.E. Guy Kabombo Mwadiamvita, s’implique personnellement dans le suivi de cet engagement, comme il le fait ailleurs dans d’autres provinces.
La sécurité en Ituri ne peut plus reposer uniquement sur les épaules du Lieutenant-Général Johnny Luboya Kashama, dont le mandat se limite à l’administration et aux opérations militaires au niveau provincial. Trop souvent, c’est lui qu’on accuse à tort de l’échec du processus, alors que les leviers politiques, budgétaires et stratégiques relèvent du Gouvernement central.
Une paix sincère demande une volonté politique ferme
Si le Gouvernement ne montre pas l’exemple, pourquoi espérer des miliciens qu’ils tiennent parole ? Il est temps de sortir des discours creux et d’enclencher des actions concrètes. L’implication directe du Ministre de la Défense serait un signal fort, une preuve de l’engagement du pouvoir central envers cette province martyrisée.
La bonne foi des groupes armés doit désormais se traduire par des actes visibles : la reddition spontanée, la remise des armes et l’intégration au processus PDDRC-S. C’est à ce prix seulement que la paix peut redevenir une réalité.
J’en appelle donc solennellement au Ministre Guy Kabombo à diligenter une mission urgente en Ituri, afin de s’imprégner de la situation et de sauver les efforts déjà engagés par toutes les parties prenantes.
Tribune libre de Joël Adirodu Ndey, acteur politique et Coq Blanc de l’Ituri avec la Rédaction
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