Durba : le notable Jhon Oriane fustige les minages «meurtriers» de Kibali Gold Mine près du CHK et exige que l’État congolais agisse

La cité minière de Durba, en chefferie de Bari-Logo dans le territoire de Watsa, en province du Haut-Uele, a failli connaître un drame humanitaire à cause de l’exploitation minière de la société Kibali Gold Mine. Lors d’un récent minage, des éclats de pierres projetés avec force ont traversé la toiture du Centre Hospitalier Kibali (CHK) avant de tomber dans une salle où se trouvaient des patients.

L’incident a suscité l’indignation de Jhon Oriane, notable de la chefferie Bari-Logo, qui n’a pas mâché ses mots :

« La société Kibali Gold Mine a rapproché son exploitation dangereusement près du CHK. Dernièrement, les éclats de pierres ont percé le toit et sont tombés dans la salle où les malades sont hospitalisés. C’est une chose que je condamne avec fermeté. Nous avons dénoncé à plusieurs reprises les risques liés à l’exploitation si proche de la communauté, mais Kibali Gold Mine continue de violer le Code minier », a-t-il déclaré.

Selon le Code minier congolais, les sites d’exploitation doivent être situés à une distance minimale de 7 à 10 kilomètres des zones habitées. Mais à Durba, l’entreprise minière opère quasiment au cœur de la communauté, au mépris des lois et de la sécurité des populations.

« Kibali Gold Mine viole le Code minier en exploitant tout près des habitations. Si aujourd’hui les pierres tombent déjà dans un hôpital, demain ce sera peut-être sur les habitants des quartiers environnants tels que Malemba, Nganya et d’autres. Imaginez si ces cailloux tombaient au marché de Duembe : quelle catastrophe pour la population ! », a encore fustigé le notable.

Jhon Oriane n’a pas hésité à pointer du doigt les autorités politiques et administratives, qu’il accuse de fermer les yeux :

« J’appelle l’État congolais et les autorités compétentes à agir. Malheureusement, beaucoup sont corrompues par Kibali Gold Mine pour couvrir ces bavures. Je demande l’implication du gouverneur de province, du président de la République et du ministre des Mines, Louis Watum, qui fut lui-même cadre de Kibali lors de son implantation. Il connaît ces abus et doit intervenir. »

Le notable appelle la population et la société civile à ne plus rester passives face aux abus de Kibali Gold Mine :

« Le Centre Hospitalier Kibali est un bijou de la communauté et un patrimoine de l’État congolais. Si même un hôpital est exposé à de tels dangers, qu’en sera-t-il demain de nos maisons ? La société civile doit convoquer l’entreprise et l’obliger à rendre des comptes. La population doit demeurer prudente, vigilante et se prendre en charge face aux abus de cette société. »

Cet incident illustre, selon plusieurs observateurs, la cohabitation explosive entre la mine industrielle et les populations riveraines à Durba. La société civile locale tire la sonnette d’alarme : à ce rythme, un drame est inévitable si les autorités continuent à se taire.

César Dedebha fils