
Gouvernance en Ituri : bras de fer entre l’État, l’Assemblée provinciale et les groupes rebelles (analyse de Joël A. Ndey)

L’Ituri traverse une période de turbulences politiques marquée par une confrontation silencieuse mais intense entre trois forces majeures. Ce combat de pouvoir, comparable à un triumvirat, freine les efforts de paix et de développement dans cette province du nord-est de la République Démocratique du Congo.
Au sommet de cette lutte se trouve d’abord le pouvoir de droit, représenté par l’État de siège décrété par le gouvernement congolais. Fidèle à sa mission régalienne, l’État s’impose pour assurer la sécurité nationale et préserver l’intégrité territoriale.
A la tête de cet exécutif militaire se trouve le lieutenant-général Luboya Kashama Johnny, dont la gouvernance rigoureuse a donné un souffle nouveau à l’administration provinciale. Sous son commandement, la ville de Bunia a connu une transformation notable, passant du rêve de « petite Suisse » porté par Jean Bamanyisa à une réalité visible d’une cité aux standards modernes.
La seconde force en présence est le bureau de l’Assemblée provinciale, accusé de chercher à renverser le gouverneur militaire par des moyens non conventionnels, qualifiés de « putschistes » par certains observateurs. Ce bras de fer institutionnel fragilise l’harmonie entre les pouvoirs et installe une confusion sur la légitimité de gouvernance en Ituri.
Enfin, la troisième tendance est celle des groupes armés rebelles, soutenus par certains acteurs tapis dans l’ombre à Kampala. Ceux-ci, qualifiés de « porteurs de grosses sacoches creuses » ou encore de « vampires », ambitionnent de capter les ressources de l’Ituri pour des intérêts personnels. Leur projet de rébellion, excluant les véritables patriotes ituriens et congolais, peine à rassembler autour de lui et semble voué à l’échec.
A l’instar de la Rome antique, où le plus fort dictait la loi, l’issue actuelle de ce duel semble pencher en faveur de l’État de siège, incarné par le lieutenant-général Luboya Johnny Kashama. Malgré les obstacles, ce dernier semble avoir remporté une victoire stratégique dans cette guerre de positionnements.
Alors que l’Ituri aspire à la paix et à la stabilité, il devient crucial que les forces en présence privilégient le dialogue et l’intérêt commun. Car au-delà des ambitions individuelles, c’est l’avenir d’une province entière qui est en jeu.
Joël A. Ndey Analyste Politique Indépendant, Cadre du BUREC et des APB avec Rédaction
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