Haut-Uele/Isiro : recrudescence d’insécurité, la jeunesse et la société civile s’interrogent sur l’origine des armes en circulation

Le Conseil urbain de la jeunesse et la Synergie des sociétés civiles ont appelé, ce vendredi, les autorités compétentes à agir face à la multiplication des cas de vols à mains armées enregistrés ces derniers jours dans la ville d’Isiro, chef-lieu de la province du Haut-Uele, au nord-est de la République Démocratique du Congo.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase reste la série de cambriolages ciblés perpétrés par des hommes armés dans plusieurs quartiers de la ville, où des habitations et commerces ont été dévalisés dans la nuit, faisant de nombreuses victimes.

S’exprimant devant la presse, le président du Conseil urbain de la jeunesse d’Isiro, Évrano Munguhasa, a exhorté les autorités à prendre des mesures concrètes pour endiguer ce phénomène grandissant.

Il a notamment plaidé pour le renforcement des effectifs des forces de l’ordre, l’octroi de moyens logistiques et financiers conséquents, ainsi que la mise en place d’une collaboration civilo-policière et d’une vigilance mutuelle afin de démanteler ce réseau criminel.

De son côté, la Synergie des sociétés civiles dénonce un sabotage des efforts entrepris par les autorités provinciales pour rétablir la sécurité. Elle soupçonne une complicité au sein même des services de sécurité et recommande la relève de certains responsables dans la chaîne de commandement, le retrait des éléments affectés à la garde des expatriés dans les sites miniers et l’implication de la justice militaire afin de traduire les coupables en justice.

Alerté, le vice-gouverneur et gouverneur intérimaire, Christophe Dara, a convoqué d’urgence les membres du Conseil provincial de sécurité ce même vendredi à l’Hôtel du gouvernement. Si aucune résolution n’a officiellement filtré de cette rencontre, plusieurs sources indiquent que la situation sécuritaire dans la ville d’Isiro a été au cœur des échanges, en vue d’actions concrètes du pouvoir provincial.

Les cas les plus récents rapportent des vols de téléphones, ordinateurs et fortes sommes d’argent, notamment dans les communes de Mendambo et Kupa. Un jeune vendeur, agressé devant l’Université de l’Uele alors qu’il tentait de résister, a été grièvement blessé à la tête et admis aux soins intensifs aux Cliniques universitaires. Des sources indépendantes font état de l’interpellation de plusieurs suspects, dont certains en uniforme.

Par ailleurs, lundi dernier, un journaliste a été attaqué par des inconnus vers 19 heures sur l’avenue Ibambi, devant le bureau de la mairie d’Isiro. Il s’en est sorti avec des égratignures après avoir été bousculé par ses agresseurs qui lui ont arraché son téléphone en rentrant du travail.

Beaucoup redoutent aujourd’hui un retour au climat d’insécurité de fin 2022, marqué par une vague de braquages attribuée à un réseau criminel dirigé par un haut gradé de police, condamné en mars 2023 par la Cour militaire de Kisangani à l’issue d’audiences publiques organisées au stade municipal Maman Mobutu d’Isiro.

Joël Lembakasi