Haut-Uele/Watsa : « Une vengeance indirecte ? » Jean-Pierre Atsidri Adroma dénonce la mainmise des Katangais sur la mine d’or de Kibali au détriment des communautés locales

Un parfum de déjà-vu souffle sur le territoire de Watsa. Pour plusieurs acteurs locaux, l’atmosphère rappelle tristement les années 1990, lorsque qu’un bataillon de militaires zaïrois, majoritairement originaire du Grand Katanga, stationné dans la région, imposait exactions, pillages et humiliations à la population.
« A l’époque, ces militaires disaient qu’ils se vengeaient d’un certain Manzikala, un ressortissant du haut Ueleproche du régime Mobutu, qui aurait malmené leurs frères au Katanga. Heureusement, l’arrivée de l’AFDL en 1997 avait mis fin à ces abus », se souvient un notable.
« Le même schéma revient, mais dans un costume moderne »
Près de 30 ans plus tard, certains habitants voient se reproduire ce qu’ils qualifient de « vengeance indirecte », mais sous une forme plus subtile.
Cette fois, leurs critiques se tournent vers Kibali Gold Mine, géant aurifère implanté dans la région depuis plus de 15 ans.
Selon des voix de plus en plus fortes au sein de la société civile, les postes stratégiques de Kibali seraient accaparés par des ressortissants du Grand Katanga, qui imposeraient des décisions perçues comme hostiles aux communautés riveraines.
« Postes clés, décisions controversées et marginalisation des locaux »
« Tous les postes clés sont entre les mains des Katangais. Et c’est d’eux que viennent les décisions qui pénalisent directement la communauté de Watsa », dénonce Jean-Pierre Atsidri Adroma, coordonnateur de la Société civile de la Solidarité du Congo.
Il cite notamment :
- la désignation d’un nouveau directeur du departement social de Kibali Gold sans aucun dialogue communautaire,
- la radiation de plusieurs entreprises locales autrefois actives dans la sous-traitance,
- la tentative d’importer des sociétés basées à Lubumbashi pour remplacer les opérateurs économiques de Watsa,
- et surtout 15 années d’exploitation sans investissements concrets capables de transformer la vie des communautés riveraines.
« Trop, c’est trop ! » s’indigne-t-il.
Pour Jean-Pierre Atsidri, cette accumulation ne saurait être le fruit du hasard :
« Ce qui se passe aujourd’hui à Kibali ressemble à une continuité de vengeance indirecte. On exploite notre sol, on humilie nos jeunes, on écarte nos entreprises. »
Face à ce qu’elle considère comme une dérive dangereuse, la société civile annonce préparer des actions de grande envergure afin de pousser l’entreprise à revoir sa gouvernance et son rapport avec les populations locales.
Tension croissante dans un territoire stratégique
Le territoire de Watsa, riche en or et considéré comme un pôle économique majeur du Haut-Uele, continue pourtant de susciter frustration et colère.
Selon les habitants, la richesse générée ne profite ni à la jeunesse locale, ni aux acteurs économiques de la région.
Le risque d’un bras de fer ouvert entre Kibali Gold Mine et les communautés devient, de jour en jour, plus palpable.
Rédaction
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