
Ituri : Gbandjele, le cri silencieux d’un vieil homme brisé par la guerre à Iga-Barrière

Depuis plusieurs jours, la région de Djugu, en Ituri, replonge dans un cycle infernal de violence. Alors que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) poursuivent une offensive contre les miliciens du groupe CRP dirigé par Thomas Lubanga, une nouvelle flambée d’attaques est attribuée à la milice CODECO dans les localités d’Iga-Barrière, Nizi et Lopa.
En seulement 48 heures, ces assauts ont causé la mort de plusieurs civils, l’incendie de maisons, la profanation d’églises et la fermeture totale de marchés et commerces. Terrifiés, les habitants fuient par centaines, abandonnant leurs villages devenus champs de ruines. Des colonnes de familles, hagardes, traversent collines et rivières à la recherche d’un abri incertain, tandis que les crépitements de balles continuent de retentir.
Au cœur de ce chaos, à Iga-Barrière, un site improvisé de déplacés, notre reporter a rencontré Gbandjele Basara, un homme d’une soixantaine d’années, père de dix enfants, paralysé des membres inférieurs. Il survit seul dans une cabane de fortune faite de bâches, sans soins, sans nourriture, sans assistance.
Sa voix tremblante raconte une tragédie que les mots peinent à contenir :
« La guerre nous a chassés de Dirokpa. Je me souviens encore de cette nuit… on a traversé les roseaux au bord de la rivière Churu. Beaucoup sont morts vers Tche, vers Blukwa. A Lopa, on croyait avoir trouvé un refuge, mais la CODECO a frappé deux jours plus tard. On a fui encore. Je suis ici, malade, fatigué. Je veux juste mourir dignement. »
Les yeux embués de larmes, il ajoute :
« Que ceux qui portent les armes illégalement les déposent. Le gouvernement doit agir. Trop, c’est trop. J’ai perdu ma terre, ma culture, ma dignité. Je veux simplement retourner dans mon village et finir mes jours en paix. »
Le témoignage de Gbandjele est celui de milliers d’autres déplacés, éparpillés entre Djugu, Iga-Barrière, Nizi, Lopa et bien au-delà. Tous aspirent à une chose : vivre en paix. Et pour ceux qui n’y parviendront pas, mourir dans la dignité, entourés des leurs.
Cet appel venu des profondeurs de la souffrance ne peut plus être ignoré. Ni par Kinshasa, ni par la communauté internationale. Car il est temps, enfin, que la voix des silencieux soit entendue.
Il est temps que cesse le chaos.
Rédaction
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