
Ituri : L’UPC et ses élus provinciaux sous la menace d’une suspension nationale ? (Analyse de Joël A. Ndey)

Une onde de choc traverse actuellement la scène politique de l’Ituri. Alors que les activités du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) sont en passe d’être suspendues à l’échelle nationale, en raison d’accusations pesant sur son autorité morale, l’ancien président Joseph Kabila, une situation similaire pourrait bientôt frapper un autre poids lourd de la sphère politique provinciale : l’Union des Patriotes Congolais (UPC).
À la tête de l’UPC et président de la Convention pour la République et la Paix (CRP), Thomas Lubanga, ancien chef de guerre et figure controversée de l’histoire politique congolaise, est aujourd’hui cité dans des allégations de soutien aux groupes armés opérant dans l’est du pays. Si ces accusations venaient à être avérées, elles pourraient entraîner la suspension pure et simple des activités politiques de l’UPC sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo.
Des élus provinciaux dans le viseur
L’éventuelle mise en veille de l’UPC aurait des conséquences directes sur ses élus, notamment au sein de l’Assemblée provinciale de l’Ituri. Trois députés en particulier sont aujourd’hui dans la ligne de mire :
1. Jokaba Lambi, Secrétaire général de l’UPC et de la CRP, député provincial ;
2. Pele Kaswara, député provincial UPC et rapporteur de l’Assemblée provinciale ;
3. Byaruhanga, également élu sur la liste électorale de l’UPC.
Selon des sources proches du dossier, une procédure de déchéance et de retrait de leurs mandats serait déjà en cours d’étude, dans le cas où les sanctions contre l’UPC seraient confirmées.
Des ramifications plus larges ?
Au-delà de l’UPC, d’autres partis pourraient être concernés par cette logique de rigueur politique. C’est notamment le cas du Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP) de Frank Diango, qui est accusé de connivence avec la coalition rebelle AFC/M23, dirigée par Corneille Nangaa et soutenue par le Rwanda.
Vers une déstabilisation politique ?
Si cette série de sanctions politiques venait à se concrétiser, elle pourrait profondément ébranler l’équilibre politique en Ituri, une province déjà fragilisée par des tensions communautaires et sécuritaires. L’application de ces mesures pourrait être perçue comme inéquitable, surtout si elle s’apparente à un « deux poids deux mesures ». Une telle perception risquerait d’alimenter les frustrations et d’entraver les efforts de paix en cours.
Dans un contexte aussi sensible, il est impératif que toute mesure disciplinaire soit fondée sur des preuves solides et appliquée avec impartialité. Car au-delà des partis politiques, c’est la stabilité de toute une province qui est en jeu.
Joël A. Ndey,Analyste politique indépendant, cadre du BUREC et des APB avec la rédaction
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