Ituri : quand les lieux saints deviennent des cibles, l’Église catholique dénonce une attaque coordonnée CODECO-FARDC

Un nouveau drame a frappé le territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, où les violences s’intensifient de jour en jour. Le lundi 21 juillet 2025, des miliciens de la CODECO, accusés d’avoir agi avec la complicité de certains éléments des FARDC, ont lancé une série d’attaques contre plusieurs localités, dont Lopa et Nizi.

L’église catholique Saint-Jean de Capistran de Lopa a été profanée, tandis que 13 civils ont été tués dans ces attaques coordonnées.

Selon l’Église catholique, les premières incursions ont été signalées dès 8h du matin. Trois foyers d’attaque auraient été identifiés, dont un à proximité d’un campement des FARDC.

Les localités de Lopa, Jina et le centre de négoce de Nizi ont été visées, semant la panique parmi la population et paralysant la circulation sur la RN27 en raison des tirs nourris.

À Lopa, vers 13h, des assaillants ont investi l’église Saint-Jean de Capistran. Le tabernacle a été forcé, des chasubles jetées à terre, l’Eucharistie profanée. Le sanctuaire marial, le presbytère, ainsi que plusieurs commerces avoisinants ont été vandalisés ou incendiés.

Le bilan provisoire fait état de 13 morts : 10 à Nizi et 3 à Lopa, en plus de plusieurs blessés et déplacés. Les prêtres, religieux et fidèles sont profondément choqués.

Dans une déclaration rendue publique le 22 juillet, l’ASBL Justice et Paix Congo, relevant du diocèse de Bunia, a dénoncé cette profanation comme un crime de guerre. Son directeur, l’Abbé Chrysanthe Ngabu Lidja, a pointé du doigt une complicité active entre certains éléments de l’armée nationale et la milice CODECO.

« Sous la barbe des forces de l’ordre, des lieux consacrés à Dieu ont été souillés. Il s’agit d’un sacrilège inacceptable. Nous demandons que la justice se saisisse de cette affaire. »

Il fustige également une alliance qu’il juge contre nature entre la milice CODECO et des éléments des FARDC, une collusion évoquée publiquement par certains porte-paroles militaires et relais médiatiques.

Face à la gravité des faits, Justice et Paix appelle :

Les autorités judiciaires à engager des poursuites contre les auteurs et leurs complices ;

Les communicateurs publics à cesser la diffusion de discours de haine ;

Les acteurs politiques et militaires à abandonner les alliances meurtrières ;

Tous les protagonistes du conflit à un sursaut patriotique et un engagement sincère pour la paix.

« Vous êtes frères. Cessez de vous battre. Cessez de semer la désolation chez vos sœurs et frères », a ajouté l’Abbé Ngabu.

L’organisation s’inquiète également de la stigmatisation croissante de l’Église catholique et de son clergé, injustement accusés de soutenir des rébellions ou des velléités de balkanisation du pays.
Justice et Paix invoque l’intercession de Sainte Marie-Madeleine, patronne de la paix, pour la réconciliation de tous les enfants de l’Ituri.

Pour l’instant, aucune réaction officielle de l’armée congolaise n’a été enregistrée suite à ces accusations et à la déclaration de l’Église catholique.

Rédaction