
Le processus de paix entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 au point mort à Doha

Prévu pour être signé ce mardi 29 juillet 2025, l’accord de paix entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo et le mouvement rebelle AFC/M23 n’a finalement pas vu le jour. À Doha, aucun engagement concret n’a été pris, laissant planer l’incertitude sur l’avenir du processus de paix.
Signé le 19 juillet dernier sous forme d’accord de principe, le document prévoyait la mise en œuvre immédiate de plusieurs mesures clés : un cessez-le-feu permanent, la libération de détenus prioritaires sous la facilitation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le retour volontaire et sécurisé des réfugiés, ainsi que la restauration progressive de l’autorité de l’État dans les zones actuellement sous contrôle des rebelles, avec le concours du HCR.
Cependant, la signature de l’accord définitif, attendue ce mardi 29 juillet, n’a pas eu lieu. Les divergences de visions entre les deux parties ont compromis le processus dès ses premiers pas.
Peu après la signature de l’accord de principe, des tensions étaient déjà apparues. Du côté de Kinshasa, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, avait affirmé que le retrait immédiat et non négociable des forces de l’AFC/M23 des zones occupées constituait une condition sine qua non, suivie du rétablissement de l’autorité étatique par les FARDC, la PNC, la justice et l’administration civile.
Une position rejetée par le camp rebelle
« Non, non et non. Aucune force ne nous délogera d’ici car nous sommes chez nous. Nous avons longtemps souffert comme des réfugiés et nous ne pouvons plus rentrer là -bas », a déclaré Benjamin Mbonimpa, représentant de l’AFC/M23 à Doha.
Le mouvement est même allé plus loin en affirmant son intention d’étendre son contrôle territorial jusqu’à Kinshasa, dans une logique de « restauration de l’autorité de l’État », mais sous une nouvelle gouvernance, excluant l’actuel régime.
« La restauration de l’autorité de l’État se fera avec d’autres personnalités politiques, pas avec le régime de Kinshasa », a insisté Mbonimpa.
Autre point de discorde majeur : l’exigence du mouvement rebelle de dissoudre l’armée congolaise (FARDC) pour la fusionner dans une nouvelle force armée, l’Armée Révolutionnaire Congolaise (ARC), dirigée par l’AFC/M23. Une proposition jugée inacceptable par Kinshasa.
Ce mardi 29 juillet marquait la date butoir pour matérialiser les engagements pris, mais aucun progrès n’a été enregistré. L’AFC/M23 menace désormais de boycotter les prochaines rencontres tant que le gouvernement ne libère pas environ 700 prisonniers affiliés à son mouvement.
Un blocage de taille alors que les discussions devaient reprendre le 8 août, en vue d’aboutir à un accord de paix global d’ici le 17 août 2025.
Pendant que les tractations diplomatiques piétinent à Doha, la situation sécuritaire se dégrade sur le terrain. Dans les territoires de Rutshuru et Masisi, les affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23 et les groupes d’autodéfense wazalendo se poursuivent. Ce lundi 28 juillet, les villages de Ngululu et Ndete sont passés sous contrôle des rebelles.
A ce jour, une grande partie du Nord-Kivu, y compris la ville de Goma, reste sous l’emprise du M23, tandis que certaines zones du Sud-Kivu sont également concernées.
Le processus de Doha, qui devait marquer un tournant dans la quête de paix à l’Est de la RDC, apparaît aujourd’hui au bord de l’échec. L’écart entre les exigences des deux parties semble insurmontable. Pendant ce temps, la population civile continue de payer le prix fort dans une guerre qui s’enlise.
Clément Softly
Share this content:
Laisser un commentaire