
Ntamugenga : La forte baisse du prix de l’oignon met en difficulté les cultivateurs à cause de l’insécurité et des restrictions commerciales

Le prix de l’oignon ne cesse de dégringoler sur le marché local à Ntamugenga, une localité située à une quinzaine de kilomètres à l’est du chef-lieu du territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu. Actuellement, un sac d’environ 120 kilogrammes se vend à 25 dollars américains, contre 100 dollars lorsque la zone était encore sous le contrôle du gouvernement. Ce bouleversement économique est survenu après la prise de contrôle de la région par les rebelles du M23 à la suite des affrontements contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Cette situation est en grande partie une conséquence de la fermeture de l’aéroport international de Goma et des interruptions des échanges commerciaux entre le sud et le nord du Nord-Kivu sur la route nationale numéro 2. En effet, les producteurs locaux éprouvent d’énormes difficultés à écouler leur marchandise sur les marchés urbains tels que Goma, Bukavu, Kindu, Kisangani et même Kinshasa.
Mponigaba Matabaro Joseph, membre de l’Association des cultivateurs, acheteurs et vendeurs de légumes à Ntamugenga, témoigne : « Le prix a vraiment baissé. Actuellement, un sac d’oignons se vend à 25 dollars, alors que 250 grammes de semences coûtent 15 dollars. Pour obtenir un kilogramme de semences, il faut vendre trois sacs d’oignons, soit 75 dollars. Nous avons du mal à acheter des semences et à payer les ouvriers qui nous aident à préparer nos champs. C’est une situation intenable. »
Face aux perturbations des circuits de distribution traditionnels, certains acheteurs tentent de contourner les obstacles en traversant l’Ouganda pour atteindre Kasindi, en territoire de Beni, afin de rallier Kisangani. Cependant, cette solution alternative est loin d’être efficace, car elle limite les volumes transportés et accroît les coûts de logistique.
Malgré ces défis, les paysans producteurs ne baissent pas les bras. Ils ont commencé à replanter de nouvelles cultures d’oignons dans l’espoir qu’en juin prochain, la situation s’améliore et leur permette d’accéder à des marchés plus rémunérateurs.
L’effondrement du prix de l’oignon met en lumière les conséquences directes du conflit sur l’économie agricole locale. L’incertitude qui pèse sur la région compromet la pérennité de la filière et fragilise davantage les producteurs, qui peinent déjà à subvenir à leurs besoins. En attendant un retour à la normale, les cultivateurs de Ntamugenga continuent d’espérer un rétablissement des circuits commerciaux pour éviter une crise plus profonde.
Clément softly
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