
Prisons de l’Ituri : les détenus survivent à la bouillie, faute de financement

Les conditions de détention en Ituri prennent une tournure alarmante. Le Parlement des jeunes de la province dénonce une absence totale de prise en charge alimentaire dans les établissements pénitentiaires, en particulier à la prison centrale de Bunia.
« Depuis près de huit mois, aucun financement n’a été débloqué par le gouvernement central pour nourrir les détenus », alerte Gloire Abasi Ibrahim, président du Parlement des jeunes, au cours d’un point de presse tenu ce mardi. Selon lui, la situation est critique : les prisonniers ne reçoivent qu’un peu de bouillie, lorsque cela est possible.
« Ce n’est plus une prison, c’est un mouroir. Les jeunes qui y sont enfermés sont abandonnés à eux-mêmes. Quand ils ont de la chance, ils mangent du bilibo, ce mélange de maïs et de haricots. Mais c’est devenu une denrée rare », déplore-t-il, visiblement ému.
Dans ses propos, Gloire Abasi va jusqu’à accuser l’État congolais d’avoir tourné le dos à sa jeunesse. Il s’en prend particulièrement au ministre de la Justice, Constant Mutamba, autrefois perçu comme une figure d’espoir.
« Aujourd’hui, nous sommes déçus. Celui qui devait incarner le renouveau de la justice pour les jeunes s’est muré dans le silence, pendant que des jeunes meurent lentement derrière les barreaux. »
L’appel lancé par le Parlement des jeunes est clair : il demande une réaction urgente du gouvernement pour rétablir la chaîne d’approvisionnement alimentaire dans les prisons de la province.
« Le droit à l’alimentation est fondamental, même pour un détenu. Il ne s’agit pas de luxe, mais de survie. »
Une source interne à la prison centrale de Bunia confirme cette situation préoccupante. Elle évoque, sous anonymat, des cas fréquents de malnutrition sévère, dans un contexte de surpopulation carcérale et de manque d’accès aux soins.
Alors que la province de l’Ituri fait déjà face à d’importants défis sécuritaires et humanitaires, cette crise dans les lieux de détention ajoute une couche de plus à un climat de tension et d’abandon ressenti par une partie de la population.
Les regards sont désormais tournés vers Kinshasa, dans l’attente d’une réponse concrète.
Rédaction
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