
Crise humanitaire en RDC : à Nyiragongo, les familles d’accueil des déplacés réclament aussi une assistance

Alors que les ONG reprennent progressivement leurs activités après l’occupation de 85 % du Nord-Kivu, y compris la ville de Goma, chef-lieu de la province, par les forces de l’AFC/M23, l’aide humanitaire commence à être distribuée dans certaines zones pour soutenir les déplacés de guerre retournant dans leurs villages. Mais une voix s’élève du territoire de Nyiragongo pour dénoncer une forme d’injustice dans la répartition de cette aide.
Le secrétaire exécutif de l’organisation Action d’Animation pour le Développement des Paysans (ACADEPA), Bosenibamwe Muzungu Jean Étienne, lance un cri d’alarme : « Les familles d’accueil et les retournés de Nyiragongo ne doivent pas être oubliés. »
Selon lui, les ONG concentrent actuellement leurs efforts sur d’autres territoires, délaissant Nyiragongo, qui pourtant, au plus fort du conflit, a accueilli un nombre considérable de déplacés. Il cite notamment les localités de Kibati, Buvira, Munigi, Mudja et Rusayo, où de nombreuses familles ont partagé leurs maigres ressources, terres, vivres et abris, avec des déplacés venus des zones les plus durement touchées par les affrontements.
« Il faut assister tous les ménages du territoire de Nyiragongo, car même ceux qui n’ont pas fui ont été durement affectés par la guerre, notamment en hébergeant les déplacés dans leurs champs et maisons », insiste-t-il
L’acteur communautaire se dit indigné de constater que plusieurs organisations humanitaires traversent Nyiragongo sans y intervenir, préférant d’autres zones. « Notre population traverse une crise sociale et économique aiguë. Nous demandons que les programmes d’assistance incluent aussi les familles hôtes, sans lesquelles l’accueil des déplacés n’aurait pas été possible », plaide-t-il.
Il faut rappeler que le territoire de Nyiragongo a joué un rôle crucial dans la réponse communautaire à la crise humanitaire en cours, accueillant des milliers de déplacés dans des conditions précaires. Certaines familles ont dû abandonner leurs propres terres agricoles ou partager leurs récoltes déjà insuffisantes.
Clément Softly
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