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Joël A. NDEY: «En Ituri, une guerre économique déguisée en conflit communautaire» (analyse)

img-20250422-wa01531105026552998368090 Joël A. NDEY: «En Ituri, une guerre économique déguisée en conflit communautaire» (analyse)



Depuis 2017, l’Ituri traverse une nouvelle vague de turbulences sécuritaires. Nombreux sont ceux qui ont, dès le début, assimilé cette crise à une résurgence des violences ethniques similaires à celles de l’an 2000. Pourtant, une lecture plus approfondie révèle toute autre réalité, plus insidieuse : une guerre économique, cyniquement orchestrée sous couvert de rivalités communautaires.

Une crise aux motivations économiques

Pour Joël A. NDEY, analyste politique indépendant, cadre du BUREC et des APB, la situation actuelle diffère profondément de celle de 2000.

« Contrairement à la guerre de 2000, clairement ancrée dans les tensions identitaires, la crise actuelle semble davantage alimentée par l’avidité, la soif des ressources, notamment minières, et la volonté de mainmise sur les zones aurifères », explique-t-il.

Dans cette dynamique, des chefs de groupes armés, devenus de véritables entrepreneurs de guerre, prospèrent grâce à l’exploitation illégale de l’or et d’autres ressources.

À leurs côtés, certains opérateurs économiques, responsables politiques et officiers militaires de haut rang tirent profit de l’instabilité, transformant les zones de conflit en pôles d’affaires clandestines.

Des dénonciations courageuses dans un silence complice

L’honorable Paul Babangu s’est illustré par sa prise de position courageuse sur la place publique, dénonçant ces tireurs de ficelles tapis dans l’ombre. Pourtant, cette lucidité reste rare dans une classe politique souvent silencieuse, voire complice. Ce mutisme est d’autant plus préoccupant que les troupes ougandaises (UPDF) maintiennent une présence prolongée en Ituri, sans réelle transparence ni consensus.

Un appel à la conscience collective

Face à cette situation alarmante, nombreux sont les Ituriens à en venir à espérer, non pas un sauveur angélique mais un « diable pacificateur », capable de rétablir l’ordre, tant la priorité reste la paix et la cohésion sociale. Hélas, les discours politiques peinent à convaincre, souvent vides de contenu ou relégués au rang de slogans sans suite.

L’Ituri est pillée, instrumentalisée, au détriment de ses enfants. Il est temps de sortir de la torpeur et de refuser que notre province sombre dans un chaos comparable à celui du Sahel, où prospèrent des groupes terroristes comme Boko Haram.

Vers une possible lueur d’espoir ?

Le retour annoncé d’Yves Kahwa, quelle qu’en soit la forme, suscite l’espoir. Mais celui-ci devra faire preuve de constance, de discernement et s’entourer d’acteurs crédibles. Quant à Thomas Lubanga, son retour à la raison est plus qu’attendu. L’Ituri a besoin de toutes ses forces vives, dans un sursaut de conscience collective, pour inverser le cours de l’histoire.

Assistant Joël A. NDEY Analyste Politique Indépendant, Cadre du BUREC et des APB avec la Rédaction

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